Château de MeillantChâteau de Meillant et sa chapelle en 1503 Période ou style Renaissance
Type Château
Début construction XIIIe siècle
Fin construction XVIe siècle
Protection Inscrit MH (1926)
Classé MH (1963) Façades et toitures
Pays France
Anciennes provinces de France Berry
Région Centre
Département Cher
Commune Meillant
Le château de Meillant est situé à Meillant dans le département du Cher, dans la région Centre.
Les différentes familles ayant possédé la terre de MeillantDe la famille de Charenton à la famille de SancerreLe château appartient à la famille de Charenton qui possédait aussi la terre de Charenton.
Les deux seigneuries restèrent liées jusqu'à la Révolution.
Agnès de Charenton l'a apportée en dot à son mariage avec Raoul VII, prince de Déols, mort en 1176.
La terre revient à sa fille unique, Denise de Déols.
Elle se marie en 1189 avec André Ier de Chauvigny qui s'est illustré à la Troisième croisade. Puis, en 1204, elle se remarie avec Guillaume Ier, comte de Sancerre.
Les terres passent ensuite à son fils aîné, Guillaume Ier de Chauvigny.
Il fonde à proximité du château une ville franche.
En mai 1211, il donne une charte de privilèges pour les bourgeois qui sont venus s'y installer.
En 1233, Guillaume Ier de Chauvigny céda à son demi-frère, Louis Ier de Sancerre, cette terre. Ayant hérité de Meillant à la mort de son père en 1267, Jean Ier de Sancerre confirma, le 8 novembre 1269, aux bourgeois de Meillant les privilèges donnés dans l'acte de 1211.
C'est le fils aîné de Jean Ier de Sancerre, Étienne II de Sancerre, auquel on attribue la construction de la partie du château actuel datant de la fin du XIIIe siècle ou du début du XIVe siècle.
Mort sans postérité en 1308, c'est son frère Jean II de Sancerre qui devint propriétaire de la seigneurie.
Les héritiers successifs ont été Louis II de Sancerre, puis Jean III de Sancerre, enfin à sa fille unique, Marguerite de Sancerre.
Marguerite se maria quatre fois. D'abord, en 1364, Gérard VI Chabot (1344 -1370). Devenu veuve, elle épousa en secondes noces, le 27 juin 1374 à Riom, Béraud II.
La famille de BueilLa fille de Béraud II et de Marguerite, Marguerite-Dauphine, dauphine d'Auvergne et dame de Bueil, épousa en 1404 Jean IV de Bueil, maître des arbalétriers de France.
Elle est morte en 1418, mais elle laissa l'usufruit de Meillant et de Charenton à sa sœur Jacquette-Dauphine, abbesse de Saint-Menoux.
Cette donation est confirmée le 14 août 1435 par son neveu et sa nièce, Louis de Bourbon et sa femme, Jeanne-Dauphine.
En 1453, Charles d'Albret, seigneur d'Orval et suzerain de Meillant, accorde trois années à l'abbesse pour qu'elle lui rende son hommage.
La famille d'AmboiseAnne de Bueil, une fille de Marguerite de Bueil, s'est mariée en 1438, à Pierre d'Amboise.
Par échange, ils ont acquis le 20 octobre 1453 les seigneuries de Meillant et de Charenton.
Pierre d'Amboise est appelé seigneur de Meillant dans des actes de 1462 et 1468.
Il est mort le 28 juin 1473 à Meillant.
Dès le 6 mai 1464, il avait transmis à son fils Charles Ier d'Amboise la nue-proprité de Meillant au moment de son mariage avec Catherine de Chauvigny.
Il fait commencer les travaux de construction de la partie de bâtiment comprise entre les deux corps de logis d'Étienne II de Sancerre, probablement à partir de 1473.
Après sa mort, le 22 février 1481, son fils, Charles II d'Amboise fait continuer les travaux.
Ses fonctions de lieutenant du roi en Italie et de gouverneur du Milanais le retenant loin du château, il fait surveiller les travaux par son oncle, le cardinal d'Amboise.
L'argent qu'il a retiré de son gouvernement en Italie a fait dire au cardinal Bibbiena, d'après Brantôme : "Milan a fait Meillant".
Louis XII s'est arrêté à Meillant en 1505,c'est ce qui explique la sculpture d'un porc-épic couronné sur une tour.
Après sa mort le 11 février 1511 à Carregio, son fils unique Georges d'Amboise hérite du château, mais il meurt à la bataille de Pavie, en 1525.
Dans un testament de 1522, Georges d'Amboise avait laissé ses biens à sa tante Catherine d'Amboise, épouse de Philibert de Beaujeu (fils de Jacques de Beaujeu, seigneur de Lignières et d'Amplepuis), et à sa cousine Antoinette d'Amboise, femme d'Antoine de La Rochefoucauld, seigneur de Barbezieux.
Par une transaction du 21 octobre 1525, les terres de Meillant et de Charenton reviennent à Catherine d'Amboise.
Son mari, Philibert de Beaujeu rendit hommage pour ces terres, le 26 septembre 1534, à Henri de Foix, comte de Comminges et seigneur d'Orval.
Cette transaction prévoyait que si Catherine d'Amboise mourait sans enfant, les seigneuries reviendraient à Antoinette d'Amboise.
La famille de BarbezieuxCatherine d'Amboise a transmis à sa nièce Antoinette ses terres de Meillant, Charenton, Lignières et Chaumont en 1542.
Cette dernière, ruinée par son troisième mari, doit vendre la nue propriété, le 4 décembre 1543, à son fils Gilbert de La Rochefoucauld pour 80 000 livres et d'autres terres à son autre fils Charles de La Rochefoucauld, seigneur de Barbezieux, pour 40 000 livres.
Après la mort d'Antoinette d'Amboise, par l'accord du 4 juillet 1553 avec ses frères, Charles de La Rochefoucauld, est resté le seul propriétaire des terres de sa mère.
À sa mort, sa veuve, Françoise de Chabot, fille de l'amiral Philippe Chabot, a été dame de Meillant jusqu'en 1600.
La famille de BrichanteauArticle détaillé : Famille de Brichanteau.
Charles de La Rochefoucauld et Antoinette d'Amboise ont eu trois filles.
La seigneurie revient à leur seconde fille Antoinette de La Rochefoucauld, mariée à Antoine de Brichanteau, qui a été marquis de Nangis, amiral de France en 1589.
En 1609, il fit hommage de ses terres à son suzerain, Sully.
Les terres ont été ensuite étaient conservées indivises entre Nicolas de Brichanteau, et de son frère Philibert de Brichanteau, évêque de Laon.
Nicolas de Brichanteau meurt en 1653.
Son second fils, Claude-Alphonse de Brichanteau lui succéda. Mort en 1658, c'est sa veuve, Angélique d'Aloigny, fille de Henri Louis d'Aloigny, qui a été dame de Meillant jusqu'en 1676.
Son fils, Louis-Fauste de Brichanteau épousa sa cousine germaine, Marie-Henriette d'Aloigny de Rochefort, après avoir obtenu une dispense. Il est tué en Allemagne, le 8 août 1690.
De ce mariage sont nés trois enfants, deux fils, dont Louis Armand de Brichanteau de Nangis, et une fille, Louise-Madeleine-Thérèse de Brichanteau.
La famille de Gorge d'AntraiguesLe 12 septembre 1710, Louis-Madeleine-Thérèse de Brichanteau signa son contrat de mariage avec Pierre-François Gorge d'Antraigues, comte de Clain.
Le même jour, le père du marié, Pierre Gorge d'Antraigues, seigneur de la Chapelle-sur-Crécy, acheta aux enfants Brichanteau pour 214 000 livres les terres de Meillant, Chandeuil et Pondy et donna à son fils l'usufruit, la nue-propriété devant revenir aux enfants à naître.
En cas d'absence d'héritier, l'héritage reviendrait à son autre fils, Chrétien-François Gorge d'Antraigues, et sa fille, Julie-Christine-Régine, mariée en 1709 à Paul-François de Béthune, marquis d'Ancenis, puis 4e duc de Charost en 1724.
Pierre Gorge avait fait fortune dans des entreprises financières.
Sa fortune lui avait permis d'acheter la seigneurie d'Antraigues, en Berry, et les terres avoisinant la Chapelle-Crécy, en Brie.
Il s'était remarié en 1685 avec Julie d'Étampes-Valençay, fille de Dominique marquis de Valençay et de Marie-Louise de Montmorency-Boutteville.
De ce second mariage était né Pierre-Fauste, un fils mort jeune et Julie-Christine-Régine, et une autre fille devenue religieuse.
Devenu veuf en 1705, il s'était retiré en 1710 à l'abbaye Sainte-Geneviève où il est mort le 21 mars 1723.
D'un premier mariage étaient nés Chrétien-François.
Le fils Pierre-Fauste n'avait pas les vertus de son père.
C'était un débauché plein de vices qui se ruina.
Sa femme était morte en couches en 1713.
Il se remaria en 1715 avec Marie-Thérèse d'Haraucourt qu'il quitta trois semaines après son mariage, poursuivi par ses créanciers.
Sa nouvelle épouse devint la maîtresse du Régent.
Lui-même mourut en prison à Moscou en 1740.
Devant les débauches du fils, le 4 septembre 1716, Pierre Gorge d'Antraigues déshérite son fils Pierre-Fauste.
Un arrêt du 1er juillet 1718, un arrêt le remet en possession de ses donations.
Mais le 11 juin 1717 Pierre-Fauste avait abandonné à ses créanciers l'usufruit de ses biens en Berry.
Pour éviter un procès, Chrétien-François racheta leurs droits aux créanciers en 1720.
Avant sa mort, Pierre Gorge d'Antraigues fit de Chrétien-François et de Julie-Christine-Régine ses héritiers, chacun pour moitié.
La famille de Béthune-CharostEn avril 1732, Chrétien-Francois Gorge d'Antraigues vndit à sa sœur la totalité de l'usufruit et la moitié de la nue-propriété de la seigneurie de Meillant.
Chrétien-François mourut le 25 juillet 1737 sans héritier, faisant de sa sœur sa légataire universelle.
Le 28 août 1737, Julie-Christine-Régine décéda après avoir fait de son troisième fils, François-Joseph de Béthune,duc d'Ancenis, son héritier.
Il avait été marié avec Marie-Élisabeth de Roye de La Rochefoucauld.
Cette dernière a assuré la garde des terres de Berry après la mort de son mari, le 26 octobre 1739, pour son fils Armand Joseph de Béthune, duc de Charost en 1747.
Il prit possession de Meillant en 1755.
Armand Joseph de Béthune avait été marié à Louise-Suzanne-Edmée de Martel qui mourut le 6 octobre 1779.
Il se remaria avec Henriette-Adélaïde-Joséphine du Bouchet de Sourches de Tourzel, le 17 février 1783.
Son action philantropique l'avait fait aimé en Berry.
Les pétitions des habitants du pays lui a permis d'échapper à la guillotine pendant la Terreur alors que son seul fils survivant fut guillotiné le 26 avril 1794.
Il est mort à Paris le 28 octobre 1800.
Par testament du 3 juin 1798, il avait fait de sa seconde femme son héritière.
Elle s'occupa peu du château.
La famille de MortemartEn 1857, Henriette-Adélaïde-Joséphine du Bouchet de Sourches de Tourzel donna le château à sa nièce Virginie de Sainte-Aldegonde, mariée au général Casimir de Rochechouart, duc de Mortemart.
C'est ce dernier qui avait entrepris, dès 1842, de faire restaurer le château, à partir de 1842, par l'architecte Louis Lenormand.
HistoriqueLe château côté douves Le château côté courUn château existe déjà au XIe siècle.
Une tour avait été construite par un prince de Déols pour protéger ses terres face à la grosse tour qui avait été construite à Dun-le-Roi, aujourd'hui Dun-sur-Auron , distante de trois lieues.
Le château actuel a été entrepris à la fin du XIIIe siècle et au début du XIVe siècle par Étienne II de Sancerre qui est mort avant 1308.
Il en reste les deux corps de logis rectangulaires situés de part et d'autre du corps de logis construit à la fin du XVe siècle.
Côté sud se trouvaient les fossés alimentés par l'Hivernon.
Le reste des remparts ceinturant une cour et protégés par les douves a disparu au XVIIIe siècle.
Une porte d'entrée située à l'est y donnait accès.
C'est la famille d'Amboise qui a construit le corps de logis central, la chapelle et la tour du Lion avec sa vis, côté cour.
Cette construction a duré de 1473 à 1510.
Elle a dû être commencée par Charles Ier d'Amboise et terminée pour Charles II d'Amboise sous le contrôle du cardinal d'Amboise.
Un dessin réalisé par Claude Chastillon, du début du XVIIe siècle, donne l'aspect du château à cette époque.
Il montre que le château était complété à l'ouest par une galerie de sept arcades dont il ne subsiste plus que deux piles dans le jardin.
Cette galerie ressemblait à celle du château de la Verrerie, près d'Aubigny-sur-Nère.
À parir de 1842, le château a été restauré par l'architecte Louis Lenormand.
Il refit la décoration sculptée extérieure, les toitures, les chemins de ronde et reconstruit les étages supérieurs des corps de logis situés à l'extrémité est du château.
Il a aussi remanié complètement l'intérieur.
Par arrêté du 2 mars 1926, le château fait l'objet d'une inscription au titre des Monuments historiques, complétée par la suite : l'ensemble des façades et toitures du château fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 4 avril 1963.
Le château avait été classé provisoirement par le passé, par la liste des monuments historiques de 1862, puis celle de 1875.
Il fut déclassé en 1887, à la demande du propriétaire, puis repris en compte en 1926 pour son inscription.
ArchitectureTour du Lion construite par Charles II d'AmboiseRetable Flamand datant du XVIè siècleDans ce Salon , la grande cheminée est surmontée d'une galerie destinée aux musiciensLe plan initial du château tel qu'il avait été construit par Étienne II et que montre le dessin de Claude de Chastillon est très semblable à celui du château de Sagonne.
Cette ressemblance est due au fait que ces deux châteaux ont été construits par la même famille de Sancerre.
Les parties construites par la famille d'Amboise à partir de 1473 sont plus à rattacher la fin du style gothique qu'au début du style Renaissance en France
. On peut rattacher les bâtiments construits par Charles Ier d'Amboise au Palais Jacques-Cœur de Bourges.
Sous Charles II d'Amboise a été construite la tour du Lion, en hors-œuvre et comprenant un escalier à vis, et la mise en forme de la façade côté cour du bâtiment occidental par le percement des fenêtres dans les murs du début du XIVe siècle et leur décoration.
La décoration de la tour et des fenêtres hautes de la façade côté cour est assez exubérante.
Elle a été réalisée avant 1510 dans un style marquant la transition entre les styles gothique flamboyant et de la première Renaissance française.
On retrouve ce type de tour-escalier au Palais Jacques-Cœur et à l'hôtel des Échevins de Bourges.
La galerie qui prolongeait l'aile occidentale et qui a été construite dans le style de la première Renaissance a malheureusement disparu.
La décoration de la tour du Lion, appelée ainsi à cause du lion qui la surmonte, est la partie la plus intéressante du château.
Il ne semble pas que la restauration entreprise à partir de 1842 ait beaucoup affecté cette partie du château.